Actuel / Opioïdes
«Putain, on meurt!»
Dans la ville de Huntington par exemple (50'000 habitants), 25 % de la population est devenue dépendante
et un bébé sur quatre doit être sevré à la naissance. © DR
Contrairement à ce que Purdue affirmait, le risque d’addiction de l'OxyContin est énorme,
comme c’est le cas d’ailleurs avec tous les opioïdes © DR
«Le Fentanyl peut être mortel quand vous la coupez avec la drogue que vous prenez. Vous connaissez vos sources? Soyez attentifs.» © knowyoursource.ca
70'000 morts. C’est le nombre d’Américains qui, cette année, succomberont à une overdose mortelle d’opioïdes. OxyContin, Vicodin, Percodan, Percocet, Fentanyl, Carefentanil, Hydrocodone, morphine et compagnie, des anti-douleurs qui rendent dépendants et qui font plus de victimes que les accidents de la route ou les armes à feu. Face à ce carnage, le gouvernement américain semble désemparé et lent à réagir. Ne représentant que 4% de la population mondiale, les Etats-Unis consomment 80 % de la production mondiale d’opioïdes.
Daniels (Virginie Occidentale, 1'880 habitants).
La Coal Country Clinic du Dr Michael Kostenko a connu de meilleurs jours. Lui aussi d’ailleurs, puisqu’à fin août, il a été condamné à une peine de 20 ans de prison. Son crime: une distribution fort généreuse (plus de 400'000 en deux ans) de pilules d’OxyContin, un puissant anti-douleur et chouchou de nombreux accros aux opioïdes. En une seule journée, il avait rédigé 375 ordonnances, pour 22'000 pilules, dans la plupart des cas, sans voir ses «patients». Une journée qui lui avait rapporté 20'000 dollars cash.
Dr. Michael Kostenko, responsable de la Coal
Country Clinic. © DR
Kermit (Virginie Occidentale, 392 habitants).
A elle seule, une des deux pharmacies du village a vendu 9 millions de pilules d’Oxy en deux ans... Il n’est donc pas étonnant que cet État, dont la population est sensiblement la même que celle de la Suisse romande (1,9 million d’habitants) a enregistré 850 décès dus aux surdoses l’année passée. Un (triste) record national.
Souffrance et dépendance
Pourquoi la Virginie Occidentale? Selon le professeur Richard Frank, sous-secrétaire à la Santé du gouvernement Obama: «Il s’agit d’un Etat pauvre, dans lequel la plupart des emplois étaient physiquement éreintant et les salaires bas, notamment dans les mines de charbon et l’industrie du bois. Souffrant souvent de mal de dos notamment, nombre de travailleurs prenaient des anti-douleur, sans toujours se rendre compte qu’ils en devenaient dépendants.»
Le Fentanyl, un opioïde de synthèse, 50 à 100 fois plus puissant que la morphine. © DR
Il poursuit: «Suite à de nombreuses fermetures d’entreprises, ils ont été nombreux à se retrouver au chômage. Sans assurance maladie, mais devenus accros, ils ont dû trouver de quoi satisfaire leurs besoins et ce fut la début de l’épidémie. Qui d’ailleurs empire avec l’arrivée d’héroïne bon marché du Mexique, mélangée à du Fentanyl venant essentiellement de Chine. Et comme plus de 20% des ménages vivent en-dessous du seuil de pauvreté (24'250 dollars/an pour une famille de 4 personnes, ndlr) et qu’un quart des jeunes gens entre 18 et 24 ans est sans emploi, la situation est explosive».
Valium, Xanax, OxyContin et Cie
Purdue Pharma, le principal producteur d’OxyContin, le plus populaire des opioïdes anti-douleur, était une petite entreprise, lorsqu’elle fut rachetée par la famille Sackler dont un des frères, Arthur, avait acquis une célébrité en faisant du Valium le premier médicament à dépasser 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.
C’est en 1996 que Purdue a lancé l’OxyContin, dont la publicité affirmait qu’il n’entraînait qu’un très faible risque d’addiction. Très prisé dans le domaine des soins palliatifs et aussi comme anti-douleur suite à des interventions chirurgicales, ce médicament est vite devenu très populaire et facilement prescrit également pour des douleurs de moindre importance.
Soutenues par des campagnes de marketing agressives auprès de médecins et pharmaciens, des invitations à des congrès dans des lieux exotiques et un système de bonus très généreux, les ventes ont rapidement explosé et en l’espace des 20 ans écoulés, le chiffre d’affaires de l’Oxy a dépassé le cap des 35 milliards de dollars.
Mais, contrairement à ce que Purdue affirmait, le risque d’addiction est énorme, comme c’est le cas d’ailleurs avec tous les opioïdes. Ainsi, par exemple, dans la ville de Huntington (50'000 habitants), 25 % de la population est devenue dépendante et un bébé sur quatre doit être sevré à la naissance.
Le succès spectaculaire d'Oxycontin a généré près de 35 milliards de chiffre d’affaires au cours des
deux dernières décennies et fait des Sackler l'une des familles les plus riches du pays. © DR
Prison ou désintoxication
Chelsea Carter, qui habite à Logan (1'700 habitants) a commencé à se droguer à l’âge de 9 ans: un petit joint de temps en temps puis, vers l’âge de 12 ans, elle a passé aux choses sérieuses: champignons et héroïne. Elle avait 15 ans lorsque sa meilleure amie est morte. «C’est alors que je me suis mis à prendre de l’OxyContin: plus de douleurs, plus d’émotions. C’était juste super!», explique t-elle.
« Il y a huit ans, j’ai été arrêtée et emprisonnée, risquant 20 ans pour trafic de drogue, vols et agressions. Mon seul moyen alors de me payer mon hero, qui coûtait environ 75 dollars à l’époque. Mais j’ai eu de la chance. Le juge m’a proposé un choix: prison ou désintoxication.»
«Cela n’a pas été sans mal, mais je m’en suis sortie. J’ai ensuite obtenu un diplôme en psychologie et j’ai été pardonnée par le gouverneur de l’état en 2016. Depuis, je suis thérapeute et ce n’est pas le travail qui manque», ajoute-t-elle.
Chelsea Carter a commencé à se droguer très jeune. Après une cure de désintoxication, elle a obtenu un diplôme en psychologie et est devenue thérapeute. © DR
Depuis quelques mois, les médecins n’ont plus le droit d’établir des ordonnances renouvelables pour plus de 10 jours d’opioïdes. Et donc, nombre de dépendants se fournissent dans la rue, où l’on trouve facilement et à bon compte des contrefaçons, voire de l’héroïne mélangée avec du Fentanyl, un opioïde de synthèse, 50 à 100 fois plus puissant que la morphine. Ces mélanges sont une des principale cause de décès par overdose, car les consommateurs ignorent ce que contient le mélange et ignorent aussi que l’équivalent de 3 grains de sel de Fentanyl constitue une dose mortelle. «Chaque personne sauvée est une réjouissance», poursuit Chelsea, précisant que pour le moment, «il y a encore plus de nouveaux cas que de guérison, mais je ne désespère pas».
Un flic pas comme les autres
Michael Zohab est un solide gaillard. Ses grands parents, d’origine libanaise, se sont installés à Richmond, en Virginie, au début du siècle dernier. Il y a 28 ans, Michael a quitté son job de barman pour devenir policier. Devenu capitaine de police, commandant (notamment) de la brigade des stupéfiants, il connait la rue comme sa poche et y a passé plus de nuits qu’il n’en peut compter. Il vient de quitter ses fonctions pour se consacrer entièrement à une fondation qu’il a crée il y a une année, la Virginia Recovery Foundation.
Nous sommes attablés dans un sympathique bistrot de ce qui fut le quartier «chaud» de Richmond. «Tu te rends compte, me dit-il, quand je dirigeais la brigade criminelle, il nous est arrivé d’avoir à traiter jusqu’à cinq homicides en une nuit! Des guerres de gang liés à la drogue. C’est énorme pour une ville de 250'000 habitants! Richmond était alors sans conteste la capitale du crime.»
«Il y a huit ans, j’ai eu une sorte de révélation. Le nombre de personnes accros aux opioïdes – et la criminalité qui en découlait – ne cessait d’augmenter et je me suis dit que cela ne pouvait pas continuer ainsi. Il fallait que la police jette un regard nouveau sur cette épidémie. Les gens mourraient et nous n’en faisions pas assez pour que cela cesse».
Il aura fallu bien du temps et bien de la patience, mais Michael est arrivé à convaincre sa hiérarchie et une majeure partie des 850 policiers de Richmond qu’il fallait voir les drogués et accros comme des malades et non comme des criminels. «L’addiction est une maladie, pas un choix».
Michael Zohab, capitaine de police et fondateur de la Virginia Recovery Foundation montre
que 5 grains de Fentanyl, de la taille de cinq grains de sel, peuvent tuer trois personnes. © Michael Wyler
A l’époque, ces malades devaient attendre près de trois mois pour une prise en charge médicalisée, tant la demande était grande. «Depuis le 28 décembre 2016, toute personne victime d’une overdose non mortelle peut être prise en charge immédiatement, si elle en manifeste la volonté.» Et cela, grâce à la fondation que Michael a créée et qui est animée par des volontaires. «Les policiers jouent le jeu, précise t-il. Ils savent très bien qu’une arrestation et la prise en charge par les tribunaux coûte en moyenne 7500 dollars par personne et qu’une fois désigné comme "criminel", le malade ne s’en sort plus, alors qu’un traitement de désintoxication est bien moins coûteux et permet à la personne qui s’en sort de retrouver du travail. De plus, comme je ne fonctionne qu’avec des dons, cela ne coûte rien aux contribuables!»
«Au moins un décès chaque semaine parmi des gens que je connais»
«Faire évoluer la culture de la police n’a pas été de la tarte, dit Michael, mais on y arrive petit à petit. Ma tâche la plus lourde? C’est la prévention. Informer les parents afin qu’ils reconnaissent les premiers signes de problèmes chez leurs enfants, leur expliquer quoi faire. Informer les jeunes gens, pour éviter qu’ils ne partent dans ces opioïdes tellement à la mode. Cela dit, sauver ne serait-ce qu’une personne, c’est déjà une victoire».
Un avis largement partagé par Honesty Liller 36 ans, directrice de la Fondation McShin de Richmond. Assise à son bureau, un vrai capharnaüm, elle raconte: «J’ai commencé à prendre de l’acide et de l’alcool quand j’avais douze ans. Quand j’en ai eu 14, mon père a été opéré du genou et je lui ai piqué des oxy que son médecin lui avait prescrit. Puis j’ai passé aux champignons et à la cocaïne. A 17 ans, héroïne. J’en ai pas raté un, Fentanyl inclus. Le Fentanyl? C’est le plus cinglé de tout, surtout mélangé à l’héro. Avec ça, t’es toujours limite. Soit t’en prends pas assez pour un super trip, soit tu en prends trop et c’est l’overdose.»
«A 18 ans j’étais enceinte et lors d’une soirée, j’ai fais une overdose. Personne ne voulait appeler la police par risque d’être arrêté. J’ai juste eu la force de téléphoner à une amie et de lui dire: "putain, je meurs!" Dans l’ambulance, j’ai reçu du Naloxone et suis lentement revenue à la normale. Mais bon, quelques jours après, je m’y suis remise.»
Honesty Liller est «clean» depuis treize ans. Elle est directrice de la Fondation McShin de Richmond. © Michael Wyler
«Quand j’ai accouché, ma fille a dû passer deux semaines en détox et moi, je m’en suis fait 28 jours, condition pour que je puisse la garder. Une semaine plus tard, c’était reparti: oxy, héro et Fentanyl. Finalement, quand ma fille a eu trois ans, j’ai refait une détox et depuis treize ans, je suis clean. J’ai eu de la chance de m’en sortir. Maintenant, chaque semaine, il y a au moins un décès parmi des gens que que je connais».
Des initiatives privées, dépendantes du volontariat
La Fondation McShin dispose de 170 lits dans différentes maisons de la ville et accueille toute personne activement désireuse de se désintoxiquer, sans limite de temps. La fondation offre aussi des programmes ambulatoires pour familles et voit défiler près de 200 personnes par semaine.
L’oxycodone est un analgésique stupéfiant très puissant appartenant à la famille des opioïdes. L'OxyContin, dont l'oxycodone est le principe actif, a été développé en 1996 par Purdue Pharma.
Ces initiatives sont toutes privées et dépendent de dons et de volontaires. Et que fait donc l’État? Stéphanie Mayor, juge fédéral, regrette évidemment que certaines mesures concrètes, prises par le gouvernement Obama ont perdu leur source de financement sous l’administration Trump. «En 2016, il y avait déjà 3000 tribunaux disposés à offrir des traitements en lieu et place de la prison. Ces mesures ont concerné 150'000 personnes et on sait que 75% des personnes qui suivent un traitement s’en sortent, alors que 75% de ceux qui n’en suivent pas, retombent».
Et comme le dit Andrew Kolodny, un spécialiste des addictions: «Aussi longtemps qu’il sera plus facile et moins coûteux d’obtenir des opioïdes, du Fentanyl ou de l’héroïne qu’une désintoxication adéquate, le nombre de décès par overdose continuera à croitre».
Quand à Michael Zohab, sa réponse à la question «que fait donc l’État?» est simple et claire: «Peu, trop peu, criminellement peu».
Quelques chiffres
- 70'000 décès en 2017 aux Etats-Unis, c’est plus que le nombre de soldats américains morts au cours de la guerre du Vietnam (58'000).
- En Suisse, selon les données de la «Statistique des causes de décès», le nombre de décès liés à l'usage de stupéfiants a baissé au cours des 15 dernières années de deux tiers (En1995, il y avait 376 cas; en 2012, c'était 126). Depuis, on peut observer une légère augmentation (2014: 134 cas). Données à consulter sur le site du Monitorage suisse des addictions.
- 650'000: c’est le nombre d’ordonnances délivrées quotidiennement pour des opioïdes anti-douleur aux États-Unis. Cela fait 240 millions d'ordonnances/année.
- 80 % des personnes droguées à l’héroïne sont devenus accros au travers les anti-douleurs.
- A New York en 2016, on dénombre 1374 décès dus aux surdoses.
- Il n’existe pas de statistiques nationales quant au nombre de surdoses non léthales, ces dernières ne devant pas obligatoirement être déclarées. Les estimations varient entre 1 et 3 millions par an.
- «Les surdoses de drogues font de plus en plus de morts en Europe. Et de nouvelles et nombreuses substances «dangereuses» pour la santé y circulent, s'inquiète l'Observatoire européen des drogues».
- Selon le Rapport européen sur les drogues de 2016: « au moins 6800 décès par surdose, principalement associés à l’héroïne et à d’autres opiacés, se seraient produits dans l’Union européenne en 2014, ce qui représente une légère hausse par rapport aux chiffres de l’année précédent.»
Prochainement dans Bon pour la tête
Chez les super riches de Virginie
Précédemment dans Bon pour la tête
Méga-églises, prédicateurs, télévangélistes et Apocalypse (3)
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Selon le professeur Richard Frank, sous-secrétaire à la Santé du gouvernement Obama: «Il s’agit d’un Etat pauvre, dans lequel la plupart des emplois étaient physiquement éreintant et les salaires bas, notamment dans les mines de charbon et l’industrie du bois. Souffrant souvent de mal de dos notamment, nombre de travailleurs prenaient des anti-douleur, sans toujours se rendre compte qu’ils en devenaient dépendants.» <br></p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w640/1507486090_img_3900.jpeg">Le Fentanyl, un opioïde de synthèse, 50 à 100 fois plus puissant que la morphine. © DR<br></h4><p>Il poursuit: «Suite à de nombreuses fermetures d’entreprises, ils ont été nombreux à se retrouver au chômage. Sans assurance maladie, mais devenus accros, ils ont dû trouver de quoi satisfaire leurs besoins et ce fut la début de l’épidémie. Qui d’ailleurs empire avec l’arrivée d’héroïne bon marché du Mexique, mélangée à du Fentanyl venant essentiellement de Chine. Et comme plus de 20% des ménages vivent en-dessous du seuil de pauvreté (<em>24'250 dollars/an pour une famille de 4 personnes, ndlr</em>) et qu’un quart des jeunes gens entre 18 et 24 ans est sans emploi, la situation est explosive».</p><h3>Valium, Xanax, OxyContin et Cie<br></h3><p>Purdue Pharma, le principal producteur d’OxyContin, le plus populaire des opioïdes anti-douleur, était une petite entreprise, lorsqu’elle fut rachetée par la famille Sackler dont un des frères, Arthur, avait acquis une célébrité en faisant du Valium le premier médicament à dépasser 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.</p><p>C’est en 1996 que Purdue a lancé l’OxyContin, dont la publicité affirmait qu’il n’entraînait qu’un très faible risque d’addiction. Très prisé dans le domaine des soins palliatifs et aussi comme anti-douleur suite à des interventions chirurgicales, ce médicament est vite devenu très populaire et facilement prescrit également pour des douleurs de moindre importance.</p><p>Soutenues par des campagnes de marketing agressives auprès de médecins et pharmaciens, des invitations à des congrès dans des lieux exotiques et un système de bonus très généreux, les ventes ont rapidement explosé et en l’espace des 20 ans écoulés, le chiffre d’affaires de l’Oxy a dépassé le cap des 35 milliards de dollars.</p><p>Mais, contrairement à ce que Purdue affirmait, le risque d’addiction est énorme, comme c’est le cas d’ailleurs avec tous les opioïdes. Ainsi, par exemple, dans la ville de Huntington (50'000 habitants), 25 % de la population est devenue dépendante et un bébé sur quatre doit être sevré à la naissance.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w638/1507486091_img_3903.jpg">Le succès spectaculaire d'Oxycontin a généré près de 35 milliards de chiffre d’affaires au cours des <br>deux dernières décennies et fait des Sackler l'une des familles les plus riches du pays. © DR</h4><h3>Prison ou désintoxication</h3><p>Chelsea Carter, qui habite à Logan (1'700 habitants) a commencé à se droguer à l’âge de 9 ans: un petit joint de temps en temps puis, vers l’âge de 12 ans, elle a passé aux choses sérieuses: champignons et héroïne. Elle avait 15 ans lorsque sa meilleure amie est morte. «C’est alors que je me suis mis à prendre de l’OxyContin: plus de douleurs, plus d’émotions. C’était juste super!», explique t-elle.</p><blockquote><p>« Il y a huit ans, j’ai été arrêtée et emprisonnée, risquant 20 ans pour trafic de drogue, vols et agressions. Mon seul moyen alors de me payer mon hero, qui coûtait environ 75 dollars à l’époque. Mais j’ai eu de la chance. Le juge m’a proposé un choix: prison ou désintoxication.» <br></p></blockquote><p>«Cela n’a pas été sans mal, mais je m’en suis sortie. J’ai ensuite obtenu un diplôme en psychologie et j’ai été pardonnée par le gouverneur de l’état en 2016. Depuis, je suis thérapeute et ce n’est pas le travail qui manque», ajoute-t-elle.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w960/1507621346_image000013.jpeg" height="679" width="679">Chelsea Carter a commencé à se droguer très jeune. Après une cure de désintoxication, elle a obtenu un diplôme en psychologie et est devenue thérapeute. © DR</h4><br><p>Depuis quelques mois, les médecins n’ont plus le droit d’établir des ordonnances renouvelables pour plus de 10 jours d’opioïdes. Et donc, nombre de dépendants se fournissent dans la rue, où l’on trouve facilement et à bon compte des contrefaçons, voire de l’héroïne mélangée avec du Fentanyl, un opioïde de synthèse, 50 à 100 fois plus puissant que la morphine. Ces mélanges sont une des principale cause de décès par overdose, car les consommateurs ignorent ce que contient le mélange et ignorent aussi que l’équivalent de 3 grains de sel de Fentanyl constitue une dose mortelle. «Chaque personne sauvée est une réjouissance», poursuit Chelsea, précisant que pour le moment, «il y a encore plus de nouveaux cas que de guérison, mais je ne désespère pas».</p><h3>Un flic pas comme les autres<br></h3><p>Michael Zohab est un solide gaillard. Ses grands parents, d’origine libanaise, se sont installés à Richmond, en Virginie, au début du siècle dernier. Il y a 28 ans, Michael a quitté son job de barman pour devenir policier. Devenu capitaine de police, commandant (notamment) de la brigade des stupéfiants, il connait la rue comme sa poche et y a passé plus de nuits qu’il n’en peut compter. Il vient de quitter ses fonctions pour se consacrer entièrement à une fondation qu’il a crée il y a une année, la Virginia Recovery Foundation.</p><p>Nous sommes attablés dans un sympathique bistrot de ce qui fut le quartier «chaud» de Richmond. «Tu te rends compte, me dit-il, quand je dirigeais la brigade criminelle, il nous est arrivé d’avoir à traiter jusqu’à cinq homicides en une nuit! Des guerres de gang liés à la drogue. C’est énorme pour une ville de 250'000 habitants! Richmond était alors sans conteste la capitale du crime.»</p><blockquote><p>«Il y a huit ans, j’ai eu une sorte de révélation. Le nombre de personnes accros aux opioïdes – et la criminalité qui en découlait – ne cessait d’augmenter et je me suis dit que cela ne pouvait pas continuer ainsi. Il fallait que la police jette un regard nouveau sur cette épidémie. Les gens mourraient et nous n’en faisions pas assez pour que cela cesse».</p></blockquote><p>Il aura fallu bien du temps et bien de la patience, mais Michael est arrivé à convaincre sa hiérarchie et une majeure partie des 850 policiers de Richmond qu’il fallait voir les drogués et accros comme des malades et non comme des criminels. «L’addiction est une maladie, pas un choix».</p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1507486089_3grainessuffisent.jpeg" height="616" width="563">Michael Zohab, capitaine de police et fondateur de la Virginia Recovery Foundation montre<br> que 5 grains de Fentanyl, de la taille de cinq grains de sel, peuvent tuer trois personnes. © Michael Wyler<br></h4><p>A l’époque, ces malades devaient attendre près de trois mois pour une prise en charge médicalisée, tant la demande était grande. «Depuis le 28 décembre 2016, toute personne victime d’une overdose non mortelle peut être prise en charge immédiatement, si elle en manifeste la volonté.» Et cela, grâce à la fondation que Michael a créée et qui est animée par des volontaires. «Les policiers jouent le jeu, précise t-il. Ils savent très bien qu’une arrestation et la prise en charge par les tribunaux coûte en moyenne 7500 dollars par personne et qu’une fois désigné comme "criminel", le malade ne s’en sort plus, alors qu’un traitement de désintoxication est bien moins coûteux et permet à la personne qui s’en sort de retrouver du travail. De plus, comme je ne fonctionne qu’avec des dons, cela ne coûte rien aux contribuables!»</p><h3>«Au moins un décès chaque semaine parmi des gens que je connais»<br></h3><p>«Faire évoluer la culture de la police n’a pas été de la tarte, dit Michael, mais on y arrive petit à petit. Ma tâche la plus lourde? C’est la prévention. Informer les parents afin qu’ils reconnaissent les premiers signes de problèmes chez leurs enfants, leur expliquer quoi faire. Informer les jeunes gens, pour éviter qu’ils ne partent dans ces opioïdes tellement à la mode. Cela dit, sauver ne serait-ce qu’une personne, c’est déjà une victoire».</p><p>Un avis largement partagé par Honesty Liller 36 ans, directrice de la Fondation McShin de Richmond. Assise à son bureau, un vrai capharnaüm, elle raconte: «J’ai commencé à prendre de l’acide et de l’alcool quand j’avais douze ans. Quand j’en ai eu 14, mon père a été opéré du genou et je lui ai piqué des oxy que son médecin lui avait prescrit. Puis j’ai passé aux champignons et à la cocaïne. A 17 ans, héroïne. J’en ai pas raté un, Fentanyl inclus. Le Fentanyl? C’est le plus cinglé de tout, surtout mélangé à l’héro. Avec ça, t’es toujours limite. Soit t’en prends pas assez pour un super trip, soit tu en prends trop et c’est l’overdose.»</p><blockquote><p>«A 18 ans j’étais enceinte et lors d’une soirée, j’ai fais une overdose. Personne ne voulait appeler la police par risque d’être arrêté. J’ai juste eu la force de téléphoner à une amie et de lui dire: "putain, je meurs!" Dans l’ambulance, j’ai reçu du Naloxone et suis lentement revenue à la normale. Mais bon, quelques jours après, je m’y suis remise.»</p></blockquote><br><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1507621346_image00001.jpeg" height="608" width="683"> Honesty Liller est «clean» depuis treize ans. Elle est directrice de la Fondation McShin de Richmond. © Michael Wyler<br></h4><p>«Quand j’ai accouché, ma fille a dû passer deux semaines en détox et moi, je m’en suis fait 28 jours, condition pour que je puisse la garder. Une semaine plus tard, c’était reparti: oxy, héro et Fentanyl. Finalement, quand ma fille a eu trois ans, j’ai refait une détox et depuis treize ans, je suis clean. J’ai eu de la chance de m’en sortir. Maintenant, chaque semaine, il y a au moins un décès parmi des gens que que je connais».</p><h3>Des initiatives privées, dépendantes du volontariat<br></h3><p>La Fondation McShin dispose de 170 lits dans différentes maisons de la ville et accueille toute personne activement désireuse de se désintoxiquer, sans limite de temps. La fondation offre aussi des programmes ambulatoires pour familles et voit défiler près de 200 personnes par semaine. <br></p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w962/1507535454_usaeurope.jpeg">L’oxycodone est un analgésique stupéfiant très puissant appartenant à la famille des opioïdes. L'OxyContin, dont l'oxycodone est le principe actif, a été développé en 1996 par Purdue Pharma.<br></h4><p>Ces initiatives sont toutes privées et dépendent de dons et de volontaires. Et que fait donc l’État? Stéphanie Mayor, juge fédéral, regrette évidemment que certaines mesures concrètes, prises par le gouvernement Obama ont perdu leur source de financement sous l’administration Trump. «En 2016, il y avait déjà 3000 tribunaux disposés à offrir des traitements en lieu et place de la prison. Ces mesures ont concerné 150'000 personnes et on sait que 75% des personnes qui suivent un traitement s’en sortent, alors que 75% de ceux qui n’en suivent pas, retombent».</p><p>Et comme le dit Andrew Kolodny, un spécialiste des addictions: «Aussi longtemps qu’il sera plus facile et moins coûteux d’obtenir des opioïdes, du Fentanyl ou de l’héroïne qu’une désintoxication adéquate, le nombre de décès par overdose continuera à croitre».</p><p>Quand à Michael Zohab, sa réponse à la question «que fait donc l’État?» est simple et claire: «Peu, trop peu, criminellement peu».</p><br><p></p><hr><p></p><h2>Quelques chiffres</h2><p>- 70'000 décès en 2017 aux Etats-Unis, c’est plus que le nombre de soldats américains morts au cours de la <strong>guerre du Vietnam</strong> (58'000).<br></p><p>- <strong>En Suisse</strong>, selon les données de la «Statistique des causes de décès», le nombre de décès liés à l'usage de stupéfiants a baissé au cours des 15 dernières années de deux tiers (En1995, il y avait 376 cas; en 2012, c'était 126). 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Selon le professeur Richard Frank, sous-secrétaire à la Santé du gouvernement Obama: «Il s’agit d’un Etat pauvre, dans lequel la plupart des emplois étaient physiquement éreintant et les salaires bas, notamment dans les mines de charbon et l’industrie du bois. Souffrant souvent de mal de dos notamment, nombre de travailleurs prenaient des anti-douleur, sans toujours se rendre compte qu’ils en devenaient dépendants.» <br></p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w640/1507486090_img_3900.jpeg">Le Fentanyl, un opioïde de synthèse, 50 à 100 fois plus puissant que la morphine. © DR<br></h4><p>Il poursuit: «Suite à de nombreuses fermetures d’entreprises, ils ont été nombreux à se retrouver au chômage. Sans assurance maladie, mais devenus accros, ils ont dû trouver de quoi satisfaire leurs besoins et ce fut la début de l’épidémie. Qui d’ailleurs empire avec l’arrivée d’héroïne bon marché du Mexique, mélangée à du Fentanyl venant essentiellement de Chine. Et comme plus de 20% des ménages vivent en-dessous du seuil de pauvreté (<em>24'250 dollars/an pour une famille de 4 personnes, ndlr</em>) et qu’un quart des jeunes gens entre 18 et 24 ans est sans emploi, la situation est explosive».</p><h3>Valium, Xanax, OxyContin et Cie<br></h3><p>Purdue Pharma, le principal producteur d’OxyContin, le plus populaire des opioïdes anti-douleur, était une petite entreprise, lorsqu’elle fut rachetée par la famille Sackler dont un des frères, Arthur, avait acquis une célébrité en faisant du Valium le premier médicament à dépasser 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.</p><p>C’est en 1996 que Purdue a lancé l’OxyContin, dont la publicité affirmait qu’il n’entraînait qu’un très faible risque d’addiction. 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Ses grands parents, d’origine libanaise, se sont installés à Richmond, en Virginie, au début du siècle dernier. Il y a 28 ans, Michael a quitté son job de barman pour devenir policier. Devenu capitaine de police, commandant (notamment) de la brigade des stupéfiants, il connait la rue comme sa poche et y a passé plus de nuits qu’il n’en peut compter. Il vient de quitter ses fonctions pour se consacrer entièrement à une fondation qu’il a crée il y a une année, la Virginia Recovery Foundation.</p><p>Nous sommes attablés dans un sympathique bistrot de ce qui fut le quartier «chaud» de Richmond. «Tu te rends compte, me dit-il, quand je dirigeais la brigade criminelle, il nous est arrivé d’avoir à traiter jusqu’à cinq homicides en une nuit! Des guerres de gang liés à la drogue. C’est énorme pour une ville de 250'000 habitants! Richmond était alors sans conteste la capitale du crime.»</p><blockquote><p>«Il y a huit ans, j’ai eu une sorte de révélation. 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Stéphanie Mayor, juge fédéral, regrette évidemment que certaines mesures concrètes, prises par le gouvernement Obama ont perdu leur source de financement sous l’administration Trump. «En 2016, il y avait déjà 3000 tribunaux disposés à offrir des traitements en lieu et place de la prison. Ces mesures ont concerné 150'000 personnes et on sait que 75% des personnes qui suivent un traitement s’en sortent, alors que 75% de ceux qui n’en suivent pas, retombent».</p><p>Et comme le dit Andrew Kolodny, un spécialiste des addictions: «Aussi longtemps qu’il sera plus facile et moins coûteux d’obtenir des opioïdes, du Fentanyl ou de l’héroïne qu’une désintoxication adéquate, le nombre de décès par overdose continuera à croitre».</p><p>Quand à Michael Zohab, sa réponse à la question «que fait donc l’État?» est simple et claire: «Peu, trop peu, criminellement peu».</p><br><p></p><hr><p></p><h2>Quelques chiffres</h2><p>- 70'000 décès en 2017 aux Etats-Unis, c’est plus que le nombre de soldats américains morts au cours de la <strong>guerre du Vietnam</strong> (58'000).<br></p><p>- <strong>En Suisse</strong>, selon les données de la «Statistique des causes de décès», le nombre de décès liés à l'usage de stupéfiants a baissé au cours des 15 dernières années de deux tiers (En1995, il y avait 376 cas; en 2012, c'était 126). 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Cassis – qui considère Niue (voir sur la carte) comme un point stratégique du monde – a décidé que la Suisse serait le 23ème pays à «nouer des relations diplomatiques formelles» avec Niue et de ce fait comblera «une lacune dans le réseau diplomatique de la Suisse» aux dires du DFAE. </p> <p>Sachant que la tournée Asie-Pacifique de notre intrépide ministre a débuté quelques jours après que le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken et le président français Emmanuel Macron eurent achevé la leur dans la même zone, on voit bien que la Suisse n’a pas tardé à placer ses billes dans la cour des grands.</p> <p>Car effectivement, le Pacifique est une zone convoitée. Par la Chine qui veut isoler Taïwan et pouvoir profiter des zones de pêche étendues; par les Etats-Unis qui ne veulent pas laisser la Chine occuper le terrain et par la France, dernière puissance coloniale et nostalgique de son importance perdue. Mais par la Suisse?</p> <p>Dalton Tagelagi («<em>call me Dalton!</em>»), Premier ministre de Niue, trouve cela plutôt drôle. «Etre courtisé par la Chine, les Etats-Unis et la Suisse? Quel honneur!» me dit-il, affichant un sourire quelque peu ironique.</p> <p>C’est que Niue est une île plus petite que le canton de Genève et, avec ses 1'260 habitants, moins peuplée que Vers-chez-les-Blanc! En plein milieu du Pacifique, à 2'400 km au nord-est de la Nouvelle-Zélande et à 2'000 km à l’ouest de Tahiti, c’est un Etat autonome, au bénéfice d’un accord de libre association avec la Nouvelle-Zélande, dont il utilise la monnaie et qui, tout comme M. Cassis, mène sa propre politique étrangère.</p> <p>Nombre des 5'000 habitants qui y vivaient naguère se sont installés en Nouvelle-Zélande ou en Australie suite au cyclone Heta qui, en 2004 a dévasté Niue. Mais officiellement, on maintient au chiffre de 1'620 habitants, les subventions néo-zélandaises étant en rapport avec le nombre d’habitants…</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1711550027_dalton.jpeg" class="img-responsive img-fluid center " width="409" height="727" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Dalton Tagelagi, Premier ministre de Niue depuis 2020. © M.W.</em></h4> <h3>Une bureaucratie galopante</h3> <p>Niue compte actuellement 4 ministres et 4 ministres adjoints. Mais, comme le précise Dalton Tagelagi, «il y a tellement de boulot que la semaine prochaine, le Parlement devrait voter une modification de la Constitution pour que nous passions à 6 ministres et 6 ministres adjoints, toujours en parfaite égalité hommes-femmes».</p> <p>«Mais ce n’est pas encore gagné, s’inquiète-t-il, car le Parlement – 20 membres – craint un peu l’explosion bureaucratique et même s’il approuve cette modification, il faudra ensuite soumettre ce projet aux quelque 600 électeurs de l’île».</p> <p>Et comme les salaires des ministres, ministres adjoints et membres du Parlement, grignotent déjà 10% du budget annuel de Niue (l’équivalent de 2,9 millions de francs), faire gonfler la facture n’est pas du goût de tous, ce d’autant plus que le budget de l’île est actuellement déficitaire.</p> <p>Il n’y a toutefois pas à craindre d’une opposition, car à Niue, il n’y a pas de partis politiques et tous les élus sont indépendants. «Ce qui ne veut pas dire que nous sommes tous d’accord sur tout!» précise M. Tagelagi.</p> <p>Son Excellence, 56 ans et 25 ans de politique dans les gencives est un vieux briscard à qui on ne la fait pas. Il aime voyager et puisque la Terre entière semble s’intéresser à son pays, il en profite et est souvent en déplacement, notamment pour suivre, un peu partout dans le monde, les conférences et congrès consacrés au climat. Même si Niue est une île surélevée et donc pas à la merci d’une montée des eaux de quelques centimètres.</p> <p>En ce moment, c’est la Chine qui lui fait les yeux doux: Beijing a envoyé une douzaine d’ouvriers chinois et deux trax à Niue pour asphalter quelques kilomètres de route. Mais Dalton n’est pas dupe et veille au grain: «le fait que nous soyons petits ne veut pas dire que nous sommes idiots. Nous saurons garder nos distances et n’emprunterons pas un dollar à la Chine».</p> <p>Membre de l’unique club de boulingrin de l’île (le jeu de boules anglais), il a été sélectionné pour les Jeux du Commonwealth en 2014, 2018 et 2022; et même s’il perd quasiment tous ses matchs, en individuel et en équipe, il est, me dit-il «accueilli à (s)on retour à Niue par une foule super!» (en clair: une cinquantaine d’amis et membres de sa famille).</p> <p>Son programme politique? Passer de 15 à 80% d’indépendance énergétique grâce au développement de l’énergie solaire et du tourisme, mais avec une limite de 15'000 touristes maximum par an: «sinon, il y aurait trop de déchets que nous ne serions pas en mesure de gérer», ajoutant, mais à voix basse et en s’esclaffant: «il y a aussi des déchets parmi les touristes et nous aimerions attirer plus de visiteurs haut de gamme…»</p> <p>Le nom de Ignazio Cassis lui dit-il quelque chose? Silence…</p> <p>Qu’il n’y ait ni radio locale, ni accès aux programmes de télévision, pas de <em>roaming</em> international et une connexion internet quelque peu capricieuse, ne semble déranger personne. Les Nuéens et Nuéennes sont-ils heureux de vivre dans ce petit paradis polynésien? 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Dieu que la guerre sera jolie!</p> <p>L’Université de Stanford, une des plus réputées des Etats-Unis, vient de publier une longue liste de termes qu’il convient de ne plus utiliser. Elle est divisée en sections: âgisme, colonialisme, appropriation culturelle, sexospécifisme, langage vague, racisme, violence, etc. Un nouveau dictionnaire «woke». Exemples: fini les «boîtes noires» qui, selon Stanford donnent une connotation négative à la couleur noire. On parle dorénavant d’«enregistreur de vol». Quant aux «Latinos», un terme pouvant être ressenti comme blessant, ils deviennent des «Latinx».</p> <p>Grâce au CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France), l’auteur réel et souvent anonyme d’un texte signé d’une autre personne, bien souvent célèbre n’est plus un «nègre», mais un «prête-plume».</p> <p>La Suisse n’est évidemment pas épargnée par ce phénomène. Ainsi, il y a quelques mois, un groupe de reggae donnait un concert dans un lieu alternatif à Berne. 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Quelques tests amusants pour le savoir:</h4> <h4><a href="https://www.philomag.com/articles/test-etes-vous-woke-sans-le-savoir">https://www.philomag.com/articles/test-etes-vous-woke-sans-le-savoir</a></h4> <h4><a href="https://www.nouvelobs.com/opinions/20220722.OBS61218/test-quel-le-woke-etes-vous.html%23modal-msg">https://www.nouvelobs.com/opinions/20220722.OBS61218/test-quel-le-woke-etes-vous.html#modal-msg</a></h4> <h4><a href="https://www.magtoo.fr/etes-vous-woke/">https://www.magtoo.fr/etes-vous-woke/</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'dieu-n-est-pas-mort-il-est-juste-tres-occupe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 269, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 14, 'person_id' => (int) 82, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3647, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Des chiffres et des lettres après 113 jours de guerre en Ukraine', 'subtitle' => 'Les dindons de la farce: l’expression date du XVIIIème siècle. 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Cela n’implique d’aucune façon un soutien à la politique suivie par son gouvernement dans d’autres domaines.</p> <h3><strong>Les solutions</strong></h3> <p>«Lors du premier choc pétrolier de 1974, je me suis demandé si le fait que nous étions parmi les rares pays de la région à ne pas avoir un sous-sol gorgé de pétrole était une malédiction divine», raconte Ofir, directeur technique d’une usine israélienne de dessalement de l’eau de mer. «Mais, en réalité, c’est une bénédiction. Cela nous a forcés à être créatifs et grâce à cela notre pays est devenu expert en matière d’eau et une pépinière constante d’innovation dans le domaine du stress hydrique.»</p> <p>Les solutions? 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Quant aux besoins de l’agriculture, ils sont en quasi totalité couverts par le recyclage des eaux usées.</p> <h3><strong>Le recyclage des eaux usées</strong></h3> <p>Dans les pays dits développés, l’eau qui sert à se laver, à faire marcher les machines à laver ou à vider les toilettes transite par des stations d’épuration et finit en majeure partie dans les cours d’eau ou la mer. Dans les pays peu développés, elle s’écoule directement dans les cours d’eau ou la mer, sans passer par la case «épuration» et contamine ainsi l’eau potable ou de mer. 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Ce qui d’ailleurs ne les empêche pas de consommer ces produits importés, notamment d’Espagne où 40% de la production agricole de la région de Murcie est irriguée par des eaux traitées….</p> <p>Quant aux pays musulmans (une bonne quarantaine dans le monde), c’est une autre forme de réticence qui empêche la majorité d’entre eux de commercer avec Israël…</p> <h3><strong>Les techniques d’irrigation</strong></h3> <p>Les premières techniques de micro-irrigation, un moyen de fortement réduire la consommation d’eau pour les cultures, date de 1965, lorsque Simcha Blass, ingénieur dans un kibboutz (ferme collective) développe un système qui, au lieu d’arroser les champs à gogo, va amener l’eau en continu, mais au goutte-à-goutte et directement à la racine des plantes, grâce à un réseau de fins tuyaux percés.</p> <p>L’évaporation est donc fortement réduite et la productivité fortement augmentée, plus de 90 % de l’eau allant directement à la plante contre une moyenne de 50 % avec l’arrosage classique. Conséquence: la part de l’eau consommée dans l’agriculture par rapport au total de la consommation est bien moindre qu’ailleurs..</p> <p>Netafim, la société fondée par Simcha Blass en 1965 est toujours leader mondial en matière de micro irrigation. Présente dans une centaine de pays, elle occupe quelque 4500 salariés et détient un part de 34% du marché mondial.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997453_eau4.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="683" height="385" /><br />Nouvelles cultures de jojoba dans le Néguev, un désert qui recouvre 60% de la surface d’Israël.</h4> <p>Un de ses produits phares, NetBeat, permet de surveiller, d’analyser et d’automatiser l’irrigation sans besoin de présence physique de l’agriculteur (<em>lien vers Netafim en français en bas de page</em>).</p> <h3><strong>Consommation responsable</strong></h3> <p>Ce sera la partie la plus courte des solutions car elle dépend du simple bon sens. C’est dire que c’est compliqué pour bien des gens…</p> <p>Première exigence: ne pas croire qu’un petit effort individuel ne vaut pas la peine sous prétexte que ce n’est qu’une goutte d’eau (économisée) dans un océan (de consommation).</p> <p>Ensuite, quelques exemples: remplissez et fermez deux bouteilles d’eau et mettez-les dans la chasse d’eau: une économie de 3 litres à chaque fois! Evitez les lessives et vaisselles lorsque les machines ne sont pas pleines; laissez pousser l’herbe plutôt que de tondre chaque semaine, ce qui réduira les besoins d’arrosage. Vous adorez votre voiture que vous bichonnez avec amour? Seau et éponge demandent une quinzaine de litres contre 200-250 dans une station de lavage, etc.</p> <h3><strong>Watergen: une révolution?</strong></h3> <p>Fondée en 2009 par un ancien colonel, Arye Kohavi, et quelques amis ingénieurs, Watergen avait à l’origine pour but de fournir de l’eau aux hôpitaux de campagne et aux soldats, où qu’ils se trouvent. Rachetée en 2016, la société s’est réorientée et a développé des technologies pour palier au manque d’eau potable suite à des catastrophes naturelles ou dans des lieux où le manque d’eau potable est flagrant.</p> <p>Comment? Elémentaire, mon cher Watson! Tout simplement en générant de l’eau potable à partie de… l’air!</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997598_eau5.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="674" height="477" /><br />© Centre d’information sur l’eau</h4> <p>Rappel: notre planète contient un volume d’eau total qui est demeuré quasiment la même depuis l’apparition de l’eau sur Terre. Salée à 97% et douce à 3%, ces eaux forment l’hydrosphère, c’est-à-dire l’ensemble des réserves d’eau de la Terre.</p> <p>Selon la revue <em>Planetoscope</em>, 15 943 683 409 de litres d’eau (donc, en gros 16 milliards de litres, on ne va pas chipoter pour si peu) s'évaporent chaque seconde des océans sous l’effet du soleil. 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Comme l’expliquait récemment à l'Agence France Pesse Fathi Sheikh Khalil, ingénieur électrique et cadre de l'ONG palestinienne Damour qui gère ces appareils, «celui qui est installé à la mairie de Khan Younès produit 5000 litres d'eau potable lorsque le taux d'humidité dans l'air est supérieur à 65% et 6000 litres si le taux dépasse 90%».</p> <p>Dire que les les autorités de Gaza sont plus intelligentes que leurs homologues français semble évident si l’on en croit <em>Nice-Matin,</em> qui raconte que l’année dernière, le prince Albert de Monaco souhaitait offrir une de ces machines à la France car suite à d’importantes intempéries, plusieurs communes des Alpes-Maritimes manquaient d’eau. Or l’offre a été déclinée, la machine n’étant pas homologuée…</p> <p>Parmi les «pays» dans lesquels Watergen exporte ses machines: la Nation Navajo, victime de grosses sécheresse cette année.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997697_eau6.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="647" height="485" /><br />Raina Dre, une Navajo de Hard Rock, Arizona, porte un bidon qu’elle a rempli d’eau recueillie dans l’air par Watergen, le 6 juillet 2021, Cet appareil peut produire 200 litres d’eau par jour. © Navajo Times</h4> <p>Autres avantages des appareils Watergen: efficaces entre 15 et 40 degrés centigrades et sous humidité relative de 25 % et plus, ils permettent d’éliminer les chaînes d’approvisionnement à forte émissions de carbone et les déchets plastiques. De plus, la production d’un litre d’eau potable ne consomme que 0,3 kwh d’électricité (donc environ 6 centimes au tarif de l’électricité en Suisse).</p> <p>Le plus récent des appareils actuellement commercialisés est le Watergen Mobile Box. Il pèse 15 kg, se transporte facilement, fonctionne sur 12 et 220 volts et produit jusqu’à 20 litres d’eau potable par jour.</p> <h3><strong>Paramètres dont il faut cependant tenir compte</strong></h3> <p>Ils concernent essentiellement le dessalement de l’eau de mer: des carences en minéraux ont été observées, le système de dessalement, basé sur l’osmose inverse, enlevant la quasi-totalité des minéraux présents dans l’eau de mer. En Israël, on ajoute donc du calcium et parfois du magnésium à l’eau dessalée.</p> <p>Le dessalement est relativement friand en énergie (essentiellement fossile pour le moment). Mais les besoins énergétiques ont été réduits de 2/3 au cours des années écoulées et la méthode d’osmose inverse n’a besoin que du quart des besoins énergétiques d’autres techniques de dessalement.</p> <p>Dessaler l’eau de mer = rejeter du sel dans la mer. Dans le monde, on produit chaque jour 95 millions de mètres cubes d’eau douce, rejetant plus de 100 millions de m3 d’eau plus fortement salée dont l'impact sur les zones de rejet inquiète les experts scientifiques.</p> <p>Très dépendants de ce mode d’approvisionnement, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar dessalent essentiellement par la méthode du chauffage, procédé qui produit quatre fois plus de saumure que les technologies plus avancées, comme la filtration par membrane, utilisée notamment en Israël.</p> <p>En tout état de cause, la salinisation accrue des eaux – souvent proches du littoral – est un problème qu’il convient de ne pas minimiser.</p> <h3><strong>Conclusion</strong></h3> <p>Il existe donc des solutions et il ne fait aucun doute que l’évolution technologique va en trouver de nouvelles et rendre les existantes plus efficaces et moins coûteuses en énergie au cours des années à venir.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997778_eau7.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="576" height="331" /></p> <p>Reste un grand mystère: comment se fait-il que tant d’Etats, conscients du problème du stress hydrique et dont les habitants, les agriculteurs et les industries souffrent régulièrement du manque d’eau, soient pareillement passifs?</p> <p>J’ai un petit avis là-dessus: on dit que la différence entre un politicien et un homme d’Etat (femmes incluses…) est que le premier pense à sa réélection alors que le second pense aux générations à venir.</p> <p>Et, comme le disait Coluche: «la moitié des hommes politiques sont des bons à rien et l’autre moitié est prête à tout».</p> <h4>Pour en savoir plus</h4> <p><a href="https://www.lenntech.fr/bibliotheque/osmose-inverse/osmose-inverse-definition.htm">https://www.lenntech.fr/bibliotheque/osmose-inverse/osmose-inverse-definition.htm</a></p> <p><a href="https://documents1.worldbank.org/curated/en/657531504204943236/pdf/Water-management-in-Israel-key-innovations-and-lessons-learned-for-water-scarce-countries.pdf">https://documents1.worldbank.org/curated/en/657531504204943236/pdf/Water-management-in-Israel-key-innovations-and-lessons-learned-for-water-scarce-countries.pdf</a></p> <p><a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/07/29/en-israel-70-de-l-eau-consommee-vient-de-la-mer_4702964_3244.html">https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/07/29/en-israel-70-de-l-eau-consommee-vient-de-la-mer_4702964_3244.html</a></p> <p><a href="https://www.fluencecorp.com/israel-leads-world-in-water-recycling/">https://www.fluencecorp.com/israel-leads-world-in-water-recycling/</a></p> <p><a href="https://wold.mekorot.co.il/Heb/newsite/InformationCenter/Documents/Wastewater%20Treatment%20and%20Effluent%20Reuse%20-french.compressed.pdf">https://wold.mekorot.co.il/Heb/newsite/InformationCenter/Documents/Wastewater%20Treatment%20and%20Effluent%20Reuse%20-french.compressed.pdf</a></p> <p><a href="https://www.epa.gov/watersense/statistics-and-facts">https://www.epa.gov/watersense/statistics-and-facts</a></p> <p><a href="https://www.watergen.com/home-office/">https://www.watergen.com/home-office/</a></p> <p><a href="https://navajotimes.com/reznews/ntua-asks-water-customers-to-conserve-water/">https://navajotimes.com/reznews/ntua-asks-water-customers-to-conserve-water/</a></p> <p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Water_supply_and_sanitation_in_Israel">https://en.wikipedia.org/wiki/Water_supply_and_sanitation_in_Israel</a></p> <p><a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/dessalement-de-l-eau-l-onu-s-inquiete-des-risques-pour-l-environnement-803570.html">https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/dessalement-de-l-eau-l-onu-s-inquiete-des-risques-pour-l-environnement-803570.html</a></p> <p><a href="https://www.israelagri.com/">https://www.israelagri.com/</a></p> <p><a href="https://www.israel21c.org/8-israeli-inventions-for-greener-farming/">https://www.israel21c.org/8-israeli-inventions-for-greener-farming/</a></p> <p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=taMWUjda3fA">https://www.youtube.com/watch?v=taMWUjda3fA</a></p> <p><a href="https://www.mekorot-int.com/about-us/">https://www.mekorot-int.com/about-us/</a></p> <p><a href="https://www.netafim.fr/">https://www.netafim.fr/</a></p> <p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=tYD7Ubwv0Ck">https://www.youtube.com/watch?v=tYD7Ubwv0Ck</a></p>', 'content_edition' => 'Depuis bien des années le monde scientifique tire la sonnette d’alarme face à la pénurie d’eau annoncée. 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